Ne pourront étudier que les premiers de cordée ?

Projet gouvernemental sur les droits d'inscription des étudiants étrangers

(Communiqué du CA de l'ASES)

 

Dans la droite ligne de la remise en cause du droit d’accès aux études supérieures, déjà largement battu en brèche par la mise en œuvre de la sélection dans les universités publiques via Parcoursup, le gouvernement Macron lance un nouveau chantier d’ampleur. Il s’attaque à un second principe de l’enseignement supérieur public : la quasi gratuité des formations (quasi car faire des études supérieures coûte déjà aux étudiant-e-s même si les tarifs d’inscription restent modérés). La manœuvre, pourrait-on dire, s’est déroulée récemment en trois temps : une Tribune de l’économiste Alain Trannoy directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales « Faire accepter à la communauté universitaire un relèvement modéré des droits d’inscription » parue dans Le Monde le 9 novembre, suivie de l’annonce par le premier Ministre d' une hausse des frais d’inscription pour les étudiants non communautaires, en les portant à 2 770 euros en licence et 3 770 euros en master et enfin un rapport de la Cour des comptes préconisant une hausse pour l’ensemble des étudiant-e-s. 

 

La stratégie est donc claire. Commencer par les étudiant.es étrangers.ères pour généraliser la hausse des frais d’inscription. Cette première mesure est d’ailleurs à l’image des politiques migratoires du gouvernement qui font de l’étranger un parasite (voir la tribune parue dans Libération « On étudie ici, on reste ici »).

 

A l’ASES nous ne sommes guère étonnés de cet enchainement que nous avions largement – avec d’autres – anticipé et dénoncé et nous partageons les analyses limpides et les critiques sans appel qu’en proposent deux collègues : « Vers des études payantes pour tous ? ».

 

Pièce par pièce (le statut des Enseignant-e-s chercheurs sera bientôt très violemment attaqué grâce notamment aux postes dits LRU) c’est tout l’enseignement public et gratuit qui est attaqué et mis à mal. Bien entendu, certain-e-s arguent de la modicité des frais d’inscriptions pour parler de mesure de bon sens, mais qui vont toujours dans le même sens : en finir avec l’enseignement public pour toutes et tous. Dans un contexte d’austérité budgétaire assumée, qui engage les équipes de direction des universités autonomes à compenser les baisses de dotations de l’État en taillant directement dans la « masse salariale », la manne que constitue les frais d’inscription risque d’être frappée du sceau de l’évidence.

 

Le gouvernement décide donc de faire porter le fardeau de l’austérité sur les ménages au péril du libre accès à l’enseignement supérieur et à tout embryon de justice sociale. Or, si c’est bien par manque d’argent que l’ESR public meurt à petit feu, et puisque le bon sens est le guide de tant de bons esprits, pourquoi ne pas s’intéresser aux six milliards et demi d’euros du Crédit Impôt Recherche ? Malgré les critiques à répétition, les enquêtes accablantes (dont le fameux rapport sénatorial de Madame Gontier-Maurin) et l’opacité du dispositif , celui-ci ne cesse d’augmenter alors même qu’on s’alarme de la faillite de l’ESR public pour justifier des mesures d’une injustice rare : évincer les plus pauvres et conserver les plus solvables, mais que restera-t-il de l’ESR public ?