Parcoursup : ouverture des inscriptions sous haute tension - Le Monde, 22 janvier

Parcoursup : ouverture des inscriptions sous haute tension

La plate-forme d'admission dans le supérieur a pleinement ouvert lundi, tandis que de nombreux acteurs appellent à se mobiliser contre la « sélection » à l'université ou à donner plus de moyens à la réforme. Soazig Le Nevé

Cette fois, les lycéens ont la main. Mais sera-t-elle heureuse ? A partir de ce lundi 22 janvier et jusqu'au 13 mars, les futurs bacheliers et les étudiants souhaitant se réorienter en première année d'études supérieures peuvent indiquer leurs voeux de formation pour la rentrée 2018 sur la nouvelle plate-forme Parcoursup.

Contrairement à la plate-forme APB, très critiquée durant l'été, Parcoursup va enregistrer des voeux motivés mais non hiérarchisés par les élèves. L'objectif annoncé est d'éviter le tirage au sort, pratiqué l'an dernier quand les candidats étaient trop nombreux à l'entrée d'une filière universitaire non sélective, en créant des « attendus ». Concrètement, toutes les formations vont désormais classer l'ensemble des candidats à partir de leurs dossiers, ce qui permettra de les départager, dans le cas où les capacités d'accueil sont atteintes.

Face à ce qu'ils considèrent comme un complet renversement de logique pour accéder aux études supérieures, plusieurs organisations syndicales (CGT, FO, FSU, Solidaires, SUD), mais aussi étudiantes et lycéennes (UNEF, UNL, SGL) ont lancé un appel commun à la grève le jeudi 1er février, tandis que des assemblées générales « contre la sélection » s'organisent dans plusieurs universités, comme à Paris 1, Paris 8, Paris 13 ou Aix-Marseille. L'ASES, l'association des sociologues enseignants du supérieur, a annoncé qu'elle se joindra à cette journée de mobilisation, après avoir lancé une pétition (près de 5 000 signataires) et lancé samedi 20 janvier un appel unitaire au retrait de la plate-forme Parcoursup et du projet de loi relatif à l'orientation et à la réussite des étudiants.

Les enseignants signataires refuseront de « répondre aux injonctions de mise en oeuvre d'une procédure prévue par une loi non encore votée » , le Sénat devant encore examiner le projet de loi les 7 et 8 février. « L'éthique du fonctionnaire engage à refuser les ordres illégaux » , écrit l'ASES, dont l'appel unitaire a été signé par 300 personnes. L'association appelle « à saisir les tribunaux administratifs contre toute décision prise dans les établissements en dehors du cadre démocratique de vote dans les conseils centraux » des universités.

Une défiance qui monte

La défiance monte également dans les rangs des premiers soutiens du plan étudiants, présenté cet automne par Frédérique Vidal. Lors d'une réunion, le 16 janvier, du CNESER, instance représentative de l'enseignement supérieur, La CFDT, l'UNSA et la FAGEont ainsi déposé une motion arguant que « les moyens matériels, humains et financiers ne sont pas suffisants » .

Evaluant les financements nécessaires à 1 milliard d'euros par an, la CFDT veut croire que le plan d'investissement de 950 millions d'euros sur cinq ans pour financer la réforme du premier cycle n'est qu'un « premier pas » « ce qui n'interdit pas de demander plus » . Le syndicat appelle les personnels à se mobiliser dans leur établissement en interpellant leur président d'université, mais aussi les parlementaires de leur territoire.

Quant au think tank L'Hétairie, classé à gauche, il alerte dans une note publiée le 15 janvier sur « le risque de passer d'un système trouble [APB] à un système opaque, où l'arbitraire humain reprendra une place conséquente » à travers une sélection généralisée des étudiants. Et de conclure : « Il y a fort à craindre que les usagers n'aient in fine guère plus confiance en Parcoursup qu'en APB. »

Soazig Le Nevé