Quelle stratégie adopter ? Les familles stressées (Caroline Beyer, Le Figaro, 13 janvier)

COMMENT INFORMER les lycéens et leurs familles, alors même que les chefs d’établissement et les enseignants ne sont pas au fait du fonctionnement de la nouvelle plateforme d’orientation Parcoursup ? « Certains conseillers d’orientation ne savent même pas ce que sont les vœux multiples », observe Thomas Le Corre, porte-parole du Syndicat général des lycéens (SGL).

Le gouvernement, qui met actuellement en place une loi qui n’a pas encore été votée, n’avance-t-il pas en marchant ? « Ce flou artistique arrange bien le ministère , poursuit le jeune représentant lycéen. Le document d’information qu’il a rédigé est très éloigné des réalités. La semaine de l’orientation (le nouveau dispositif en prévoit deux dans l’année, NDLR) se résume bien souvent à quatre affiches dans le hall du lycée et à une petite présentation… »

À quelques jours de l’ouverture de la plateforme, les représentants de parents et de lycéens se sont succédé au cabinet de la ministre de l’Enseignement supérieur pour se voir expliquer le fonctionnement du nouvel outil. À la Peep, fédération de parents classée à droite, on vient tout juste de boucler le document d’information à l’adresse des familles. « En mettant fin au tirage au sort et en prenant en compte le mérite, le nouveau système d’affection fait un pas dans la bonne direction, estime Samuel Cywie, président de la Peep Paris. Pour autant, nous avons de vraies craintes. Lors des premiers résultats, le 22 mai, le nombre de candidats placés “en attente” risque d’être très élevé. Dans un premier temps, les universités ne vont dire oui qu’aux meilleurs profils », estime-t-il. Quant au rang sur la liste d’attente - dont le ministère n’a pas encore précisé quand il serait communiqué aux candidats -, il n’éclairera pas beaucoup les familles en cette année de mise en place de Parcoursup. « Quelle stratégie faudra-t-il adopter ? Attendre ou accepter les propositions ? » interroge encore le représentant de la Peep.

Aux vœux formulés par les lycéens, les universités pourront répondre par « oui », « en attente » ou « oui, si ». Ce dernier cas de figure interroge les lycéens et leurs parents. Il suppose que l’université accepte un candidat à la condition qu’il suive un parcours de remise à niveau, d’un an, d’un semestre, de quelques cours… Les universités auront-elles les moyens de le faire pour la rentrée prochaine ? Et que se passera-t-il pour les candidats qui, restés en attente, n’auront pas de point de chute ? À partir du 26 juin, une commission d’accès à l’enseignement supérieur chapeautée par le recteur devra leur faire des propositions de formation proches de leurs choix initiaux. Ces cas seront-ils marginaux ? « Depuis l’histoire du tirage au sort d’APB, il y a un vrai stress des parents sur le manque de places à l’université ! » rappelle Samuel Cywie.

En amont, au lycée, la chaîne d’orientation est loin d’être parfaite également. Sur Parcoursup, figurera la « fiche avenir » du lycéen. Sur ce document, les notes, les appréciations des professeurs, des éléments de motivations formulés par l’élève, mais, surtout, l’avis du chef d’établissement sur les vœux de l’élève et sa capacité à réussir dans la formation briguée. Un élément déterminant qui ne sera connu de l’élève que… le 22 mai, lorsque tomberont les premières réponses ! « Cette confidentialité est absurde, totalement contre-productive ! » s’insurge Olivier Vial, à l’Uni. Le président du syndicat étudiant classé à droite s’inquiète aussi d’un dispositif qui invite les candidats, lorsqu’ils ont au moins deux réponses positives, à en choisir une, dans un délai de sept jours. « Nous ne sommes pas dans un jeu électronique ! », s’insurge-t-il.

« Il faut multiplier les réunions physiques afin que les lycéens aient une place choisie et non subie à l’université », martèle Liliana Moyano, la présidente de la FCPE, fédération proche du PS. Mais elle craint d’ores et déjà l’avènement d’une sélection dissimulée. « La tentation pour les universités de prendre les meilleurs sera grande. Que fait-on du droit de la jeunesse à poursuivre des études supérieures ? » C.  B.